Par Québec en tournée
Isolées dans les bois, déglinguées, ou immenses comme des magasins à rayons, les cabanes à sucre se fondent dans le paysage québécois depuis le XIXe siècle, d’abord par simple nécessité, ensuite pour y festoyer. À partir des années 1980, ce milieu est devenu un secteur touristique et commercial à part entière, avec ses rituels, ses points de vente, sa marque de commerce, et son rayonnement international.
Au Québec, le temps printanier des sucres en est un béni pour les acériculteurs, souvent des agriculteurs pour qui la cueillette de l’eau d’érable et sa transformation en de multiples produits (sucre, tire, beurre, bonbons, etc.) représente une part significative de leurs revenus. En 2020, on a recueilli 175 millions de litres d'eau d’érable générés par 7400 érablières, un record absolu. Il faut 40L d'eau pour obtenir 1L de sirop.
Un héritage autochtone
Les peuples autochtones n’ont pas nécessairement la dent très sucrée, mais recueillaient depuis longtemps l’eau d’érable pour ses vertus médecinales, accrochant à ces arbres des réceptacles faits en écorce de bouleau.
Les colonisateurs européens ont beaucoup appris à leur contact, et se sont permis de raffiner leurs méthodes, autant pour la cueillette que pour la cuisson. Et c’est autour de 1820 qu’a commencé la construction des cabanes, d’abord pour contenir la chaleur qui faisait bouillir l’eau d’érable – le processus était beaucoup plus long à l’air libre. Pour acheminer le précieux liquide, des seaux aux tonneaux traînés par des chevaux, les érablières utilisent maintenant la technique de la tubulure, un impressionnant réseau de tuyaux où s’écoule le liquide sans avoir besoin de le transporter de l’arbre à son lieu de transformation.
D’un espace à cuisson, la cabane s’est transformée en un lieu festif, une célébration du retour des beaux jours, une occasion unique de faire bombance, surtout pendant le carême, période (de privations) qui précède Pâques. À partir de 1840 et jusqu’en 1960, l’Église catholique québécoise, à défaut d’interdire ces fêtes, manifestait fortement sa présence, avec bénédictions et autres cérémonies protocolaires avant ce festival du jambon à l’érable, des fèves au lard, des omelettes soufflées, et des grands-pères dans le sirop.
Fait à noter le sirop d'érable n'est pas du tout un produit folklorique. Les Québécois consomment le sirop et les produits de l'érable avec tout! Faites le test, ouvrez la porte du frigo de votre ami québécois, vous en trouverez à coup sûr ;). Je dirais même plus, les Québécois ont souvent leur propre réseau d'approvisionnement personnalisé... Eh oui, c'est du sérieux!
Comme le vin, le sirop d'érable possède différents goûts selon le sol, l'ensoleillement, la méthode d'ébullition...
doré, goût délicat
ambré, goût riche
foncé, goût robuste
très foncé, goût prononcé
Un sirop à la sauce COVID-19
Un repas à la cabane sucre, c’est le plaisir de partager en famille ou entre amis des mets (très) riches en calories, avec des portions plus que généreuses, toujours conclu par une délicieuse tire d’érable sur la neige. Tout se déroule dans une ambiance décontractée, avec parfois des musiciens pour dynamiser la foule et faire danser (il n’est pas rare d’être 200 à 300 personnes à manger en même temps!), attablée de longues tables
Lorsque la COVID-19 a fait son apparition foudroyante et paralysé tout le Québec, les cabanes à sucre furent parmi les premières victimes du confinement : la saison démarrait à la mi-mars 2020, et la pause forcée débuta le 13 mars…
Les Québécois sont tristes de ne pas profiter de ce rituel festif marquant le retour du printemps encore cette année mais notre attachement à cette tradition est si grand que nous serons très nombreux à la réouverture.
On mange le sirop d'érable comment?
- Avec des crêpes ... miam
- Dans le yaourt
- Avec des gaufres
- Sur de la tarte à la rhubarbe
- Sur de la tarte aux pommes
- En vinaigrette: huile d'olive, moutarde, vinaigre, soupçon de sirop d'érable, sel et poivre... délicieux
... en fait on en mange avec tout de l'entrée au dessert
Recette de tire d'érable:
Faire bouillir le sirop dans une casserole (l'équivalent d'une boite de sirop) jusqu'à ce que thermomètre à bonbons indique 115 °C (238 °F). À cette température précise, retirez la casserole du feu.
Étalez et compactez 4 cm de neige bien propre dans un contenant rectangulaire. Vous pouvez le placer au congélateur ou le laisser dehors.
Avec une cuillère métallique, versez le sirop bouillant sur la neige. Le froid le fera saisir (voir photo ci-dessus). Il est maintenant temps de prendre vos petits bâtonnets de bois et de les enrouler autour de la tire. À dégustez comme une sucette.
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